Restitution des trois journées de développement des compétences à destination des élus | ERC NA

Restitution des journées de développement des compétences à destination des élus locaux

2024/2025

L’ARB-NA, avec l’appui de la communauté ERC de Nouvelle-Aquitaine et des services de la DREAL,  a animé trois « journées de développement des compétences » à destination des élus de collectivités locales (communes, EPCI, Départements, …).

Ces journées ont permis aux élus locaux de mieux appréhender les enjeux et les rouages de la séquence ERC et de la territorialisation du ZAN (« Zéro Artificialisation Nette »). Elles ont été conçues pour outiller les élus et leur permettre de maximiser la première étape d’Évitement de la séquence ERC, dans une démarche positive de gestion économe du foncier et de préservation de la biodiversité. Ces rencontres ont rassemblé à chaque fois une trentaine de participantes et participants, parfois accompagnés de leurs techniciens. L’objectif était de permettre aux élus de s’approprier cette étape-clé de la séquence ERC en lien avec les enjeux de sobriété foncière, de biodiversité et d’aménagement durable.

 Une trame commune, trois contextes locaux

Les journées se sont déroulées à Poitiers (10 décembre 2024), Limoges (16 Janvier 2025) et Bordeaux (5 Février 2025) en partenariat avec les collectivités hôtes et leurs structures intercommunales. Chaque édition reposait sur un cadre commun :

  • Brian Padilla (Muséum national d’Histoire naturelle) a introduit les enjeux scientifiques, écologiques et réglementaires de la séquence ERC, en soulignant l’importance d’une compréhension systémique de la biodiversité, incluant les fonctions écologiques, les espèces et les habitats. Il a notamment rappelé que 60 % à 99 % de la biodiversité connue se trouve dans les sols, une dimension encore trop peu prise en compte dans l’aménagement.
  • Valentin Cognard et Baptiste Regnery (Agence régionale de la biodiversité Nouvelle-Aquitaine) ont présenté des éléments de méthode et une série d’outils à destination des élus : cartes et géoportail, fiches intercommunales sur la biodiversité, documents méthodologiques. Ils ont détaillé les deux niveaux d’action pour l’évitement : la planification (PLUi, SCOT) et les projets opérationnels. Une stratégie territoriale d’évitement suppose un pré-diagnostic ambitieux, intégrant les continuités écologiques, les spécificités territoriales en matière de trames vertes et bleues, le contexte paysager et usages fonciers pré-existants. 
  • Pierre Bayle (Service MEE – DREAL Nouvelle-Aquitaine) a mis en lumière l’articulation essentielle entre documents de planification et décisions environnementales. En présentant le rôle et les fonctions de la DREAL et de la mission d’accompagnement de l’Autorité environnementale (MEE), il a exposé le rôle de l’évaluation environnementale stratégique (EES) comme outil de gouvernance permettant d’identifier des scénarios de moindre incidence environnementale. Il a illustré l’intérêt de déconstruire les “besoins” de développement dès l’amont, via des analyses  socio-économiques croisées à des diagnostics environnementaux territorialisés.
  • Céline Dupeu, Joana Garat, Marie Rozat (Service Patrimoine Naturel – DREAL Nouvelle-Aquitaine) ont apporté un éclairage essentiel sur la réglementation applicable aux espèces protégées. Leur présentation a rappelé les fondements du régime de protection stricte, les conditions restrictives de dérogation et le lien fondamental avec la séquence ERC. Elles ont précisé que toute demande de dérogation doit démontrer l’absence d’alternative satisfaisante, le maintien de l’état de conservation des espèces concernées et répondre à une raison impérative d’intérêt public majeur. L’importance du diagnostic écologique initial a également été soulignée comme socle indispensable à toute évaluation.

Présentation du MNHN

Présentation de l’ARB-NA

Présentation du service MEE de la DREAL (MRAE)

Présentation du service SPN de la DREAL (Règlementation espèces protégées)

Présentation conjointe MEE et SPN  DREAL    (Etude de cas ZAE)

Chaque journée incluait également l’intervention d’élus locaux, présentant les conditions concrètes de mise en œuvre de l’évitement sur le terrain :

  • À Poitiers, Aloïs Gaborit, vice-président de Grand Poitiers, a partagé la genèse de la stratégie foncière à Poitiers et Grand Poitiers ainsi que la création et l’utilisation de l’« Atlas du foncier invisible », un outil pour visualiser et réinvestir les friches, bureaux vacants et tissus pavillonnaires faiblement denses, contribuant ainsi à l’atteinte des objectifs ZAN tout en préservant les espaces naturels.
  • À Limoges, Philippe Barry, président de la communauté de communes du Val de Vienne, a décrit la manière dont son territoire a réussi à réduire significativement les surfaces “à urbaniser” dans son PLUi, dans un cadre de concertation publique, et en tenant compte des contextes d’aménagement différents entre chacune des communes. Il a insisté sur l’importance d’associer en amont les services de l’État, les habitants et les élus pour construire un projet d’aménagement durable et apaisé.
  • À Bordeaux, les élus Cécile Marenzoni et Pascal Tartary de la commune de Saint-Médard-en-Jalles ont détaillé les politiques locales de sobriété foncière et de préservation des zones humides mises en oeuvre au cours des dernières années, jusqu’à obtenir en 2024 le prix de la Meilleure commune de France pour la biodiversité dans le cadre du concours Capitale Française de la Biodiversité. Ils ont livré un témoignage sincère sur les difficultés de dialogue avec les promoteurs immobiliers lorsque des exigences écologiques fortes sont imposées par la commune.

Des messages clés partagés

Ces trois journées ont permis de réaffirmer plusieurs principes communs :

  • L’évitement est aussi une démarche volontaire et politique, pas uniquement une exigence réglementaire. Il suppose de repenser les choix de localisation, les besoins fonciers et la portée des projets.
  • Une meilleure planification territoriale est la clé pour anticiper les conflits d’usage, protéger les continuités écologiques et valoriser le patrimoine naturel. Le diagnostic écologique territorial est un outil fondamental, complété par des outils comme les Atlas de la Biodiversité Communale, les SCOT écologiques/climatiques ou les atlas fonciers.
  • La collaboration avec les services de l’État, notamment la DREAL et l’autorite environnementale, est à initier très en amont. Plusieurs retours d’expérience ont montré les effets positifs d’une posture de co-construction.

Autres outils et ressources mis à disposition

Les présentations ont permis de mettre en valeur plusieurs ressources disponibles :

 


✨ Exemple de Questions – Réponses (pendant les trois journées de formations)

Q : Comment concilier l’évitement avec les pressions foncières dans nos territoires ?

R : L’évitement n’est pas un frein mais une opportunité : requalification, densification douce et mutualisation peuvent permettre de développer des projets de qualité sans artificialisation nouvelle. Le levier d’action doit être activé au moment de la planification.

Q : Quelles données puis-je utiliser pour argumenter en faveur de l’évitement dans ma commune ?

R : Le géoportail de l’ARB-NA, les fiches intercommunales biodiversité et les résultats des Atlas de la Biodiversité Communale ou communautaire, constituent des bases solides. Il est aussi nécessaire de solliciter les associations naturalistes locales ou les bureaux d’études en écologie pour enrichir la connaissance. De plus, ne pas prendre en compte l’évitement dès l’amont des projets politiques ou d’aménagement exposent à des délais plus importants, voir des refus de dossiers auprès des autorités environnementales (voir également à du contentieux  par des tiers). 

Q : Faut-il obligatoirement une étude d’impact pour intégrer la séquence ERC ?

R : Non, le principe ERC s’applique de manière générale dès qu’un projet ou un plan est susceptible d’avoir des incidences notables. L’article L110-1 du code de l’environnement l’inscrit comme principe général de prévention, même en dehors de l’obligation d’évaluation environnementale.

Q : Quel est l’intérêt du scénario de “fil de l’eau” dans l’EES ?

R : Il permet de comparer ce qui se passerait sans action supplémentaire avec les différentes hypothèses de projet. Il offre un point de référence neutre pour mesurer les gains ou pertes environnementales liées à l’aménagement envisagé.